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Introduction
« Le bien est l’ennemi de l’excellent ». Cette affirmation percutante de Jim Collins ouvre son ouvrage majeur, De la performance à l’excellence, et résume à elle seule l’essence de sa recherche. L’auteur nous invite à une exploration profonde des mécanismes qui permettent à certaines entreprises de franchir un cap et de se hisser au sommet, tandis que d’autres, pourtant performantes, stagnent. Cet article vous propose un résumé approfondi de cette étude, en mettant en lumière les principes clés qui se dégagent de cette analyse rigoureuse.
La quête de l'excellence : Une méthodologie rigoureuse

L’ouvrage est le fruit d’un projet de recherche de cinq ans, mené avec une équipe de 22 chercheurs. Loin de toute approche théorique préconçue, la démarche de Collins se veut empirique : il s’agit d’identifier les entreprises qui ont réussi à passer de « bonnes » à « excellentes » et de comprendre ce qui les distingue des autres.
- Sélection des entreprises excellentes: Les chercheurs ont retenu 11 entreprises ayant surperformé le marché par un facteur d’au moins trois sur une période de 15 ans après un point de transition, tout en excluant celles dont le secteur entier avait connu la même croissance. Parmi ces entreprises, on trouve Abbott, Circuit City, Fannie Mae, Gillette, Kimberly-Clark, Kroger, Nucor, Philip Morris, Pitney Bowes, Walgreens et Wells Fargo.
- Groupes de comparaison: Pour affiner l’analyse, ces entreprises ont été comparées à deux groupes : les entreprises de comparaison directe (mêmes secteurs, mêmes opportunités, mais n’ayant pas franchi le cap de l’excellence) et les entreprises de comparaison non continue (ayant connu une brève période d’excellence, mais sans la maintenir).
- Analyse approfondie: Une étude détaillée de chaque entreprise a été menée, à partir d’articles de presse, d’interviews de dirigeants, et de données financières, avec un codage méthodique des informations. Les chercheurs ont également accordé une attention particulière aux « chiens qui n’aboient pas », c’est-à-dire aux éléments inattendus ou absents, qui se sont révélés cruciaux pour la compréhension du phénomène.
Les piliers de la transformation : Un modèle en trois étapes

Des gens disciplinés :
Leadership de niveau 5: Contrairement aux idées reçues, les leaders des entreprises excellentes ne sont pas des personnalités flamboyantes, mais des individus humbles et discrets, combinant une grande volonté professionnelle et une modestie personnelle. Ils placent l’intérêt de l’entreprise avant le leur. Ils sont plus proches de Lincoln ou Socrate que de César. Ils sont d’abord au service de l’entreprise, et non l’inverse.
D’abord qui… ensuite quoi : Ces leaders commencent par s’assurer d’avoir les bonnes personnes à bord (et de faire descendre celles qui ne conviennent pas), avant même de définir la stratégie. Ils sont rigoureux dans leurs décisions concernant le personnel. Ce sont « les bonnes personnes » qui constituent le principal atout de l’entreprise.
Une pensée disciplinée :
Affronter la brutalité des faits (sans perdre la foi): Il est essentiel d’avoir le courage de regarder la réalité en face, aussi dure soit-elle, tout en conservant une foi inébranlable en la capacité de l’entreprise à réussir. Il faut créer une culture où chacun a la possibilité de s’exprimer et d’être entendu, où la vérité a sa place.
Le concept du Hérisson (la simplicité à l’intérieur des trois cercles): Les entreprises excellentes ont une vision simple et claire de leur activité, basée sur trois cercles : ce en quoi elles peuvent être les meilleures, ce qui fait tourner leur moteur économique et ce qui les passionne. Elles se concentrent sur ce qu’elles font de mieux, et abandonnent les activités où elles ne peuvent pas exceller. Il faut comprendre ce en quoi on peut être le meilleur, et non pas chercher à être le meilleur.
Une action disciplinée:
Culture de la discipline: L’excellence repose sur une culture de la discipline, à tous les niveaux de l’organisation. Une culture où les personnes sont auto-disciplinées, où la pensée est rigoureuse, et où l’action est cohérente. Avec un personnel discipliné, il n’y a pas besoin de hiérarchie, avec une pensée disciplinée, on peut se passer de bureaucratie, et avec une action disciplinée, les contrôles excessifs sont inutiles.
Catalyseurs technologiques : La technologie n’est pas un moteur de transformation, mais un accélérateur. Elle doit être utilisée de manière ciblée, en accord avec le concept du Hérisson. Les entreprises excellentes n’utilisent pas la technologie pour initier leur transformation, mais pour l’accélérer.
Le volant : Le processus cumulatif de l'excellence

Au cœur de ce modèle, on trouve le concept du « volant », une métaphore qui illustre le processus de transformation. Le passage de la performance à l’excellence n’est pas le résultat d’un événement unique, mais d’une accumulation d’efforts dans la même direction. Il faut faire tourner le volant sans relâche, jusqu’à ce qu’il prenne de l’élan et que les résultats deviennent visibles. Les entreprises excellentes ayant des stratégies de succès font preuve de constance et de cohérence, et ne se laissent pas distraire par les modes ou les opportunités éphémères. Il n’y a ni action déterminante, ni grand programme, ni innovation bouleversante, ni coup de chance solitaire, ni moment miraculeux.
Ce que l’excellence n’est pas
L’étude de Collins a également révélé ce qui n’est pas un facteur de réussite :
- Les dirigeants vedettes: Les leaders charismatiques ne sont pas une garantie d’excellence.
- La rémunération des dirigeants: Les systèmes de rémunération spécifiques n’ont pas d’impact direct sur la transformation. Ce qui importe, c’est de recruter et conserver les bonnes personnes.
- La stratégie: Les entreprises excellentes n’ont pas de stratégies fondamentalement différentes de celles des autres.
- La technologie: Elle n’est qu’un catalyseur, et non un moteur de transformation.
- Les fusions et acquisitions: Elles ne sont efficaces que si elles sont menées en accord avec le concept du Hérisson, après que le volant ait commencé à tourner.
- Les changements brusques: Les entreprises excellentes ne font pas de « révolutions », mais avancent pas à pas, en appliquant les principes de discipline et de cohérence.
- Les secteurs porteurs: L’excellence n’est pas une question de secteur d’activité, mais de choix et d’application rigoureuse de ces principes.
L'excellence : Un défi universel

« De la performance à l’excellence » n’est pas seulement un livre sur le management, mais une exploration des mécanismes de l’excellence en général. Les principes dégagés par Collins s’appliquent à toute organisation, qu’il s’agisse d’entreprises, d’écoles, d’associations ou de gouvernements. L’ouvrage souligne que le passage de « bon » à « excellent » est un défi que chacun peut relever, à condition de faire preuve de curiosité, de rigueur et de détermination.
Conclusion:
En somme, De la performance à l’excellence est un guide précieux pour toute organisation qui aspire à se dépasser. Il nous enseigne que l’excellence n’est pas une question de chance ou de circonstances, mais de choix. En appliquant les principes clés dégagés par Jim Collins, toute organisation peut potentiellement transformer ses performances et se hisser au niveau supérieur. « Le bien est l’ennemi de l’excellent », et cette vérité doit nous inciter à ne jamais nous contenter du statu quo, mais à toujours viser l’excellence.
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